SON APPROCHE ARTISTIQUE Depuis ses débuts en peinture, Pierre Poulin est influencé par la peinture de l’artiste Bengt Lindström (1925-2008) qui a été un peintre, puissant et sauvage, aux couleurs flamboyantes. On retrouve beaucoup de cette influence créative dans l’oeuvre de Pierre Poulin qui s’est laissé imprégner par ce grand créateur suédois. Pierre Poulin sculpte les lignes, avec force, dans un geste brut, de façon non préméditée. Les formes – même les plus simples – dans leurs couleurs vives, se posent et se transposent sur la toile. La matière picturale, riche et abondante, se sculpte et fait naître une vive émotion. L’expression, née de l’intérieur, s’extériorise, se propulse comme un cri du coeur, sur le support. Sport et peinture sont intimement liés entre eux. Pierre Poulin ne peint pas des « choses »; il peint la vie qu’il accompagne de symboles et de messages codés, cachés, parfois superposés les uns sur les autres. Ses personnages – ou silhouettes – ont une sensibilité et une personnalité. « La peinture de Pierre Poulin, c’est avant tout une force vive et une témérité des couleurs » a-t-on écrit. Sa force réside dans l’expression du sensible de la vie, selon une interprétation toute personnelle. L’artiste amène le public dans le vif de l’action des sauts périlleux, de haute voltige. Son univers artistique est fait de liberté, autant dans l’audace des sujets que dans l’audace des couleurs qu’il utilise. Sa peinture reflète sa personnalité colorée. « Je voudrais que ma peinture soit pour chacun la sensation d’une descente en ski dans la poudreuse neige, par un beau jour d’hiver. Je voudrais donner la sensation du vent caressant ma joue et faire sentir mon corps en action qui trace les chemins de la vie dans la glisse du ski. Peindre est pour moi une caresse, une envolée de couleurs, de sentiments et d’émotions brutes, qui me propulsent dans la beauté de l’univers et de la vie. Par passion, couleur et témérité, je me propulse dans les airs à la recherche de l’invisible et de l’impossible. Rendre possible l’impossible, c’est la recherche de ma vie« . L’ART BRUT, SINGULIER, INCLASSABLE L’art brut, l’art singulier, l’art inclassable… c’est le hors-normes dans l’art. « Pas de norme du bon goût en effet. Pas non plus pour le mauvais, puisque bon et mauvais y forment un couple fusionnel dont l’autosubversion réciproque et permanente est justement gage de liberté et de diversité » écrit Pierre Souchaud (directeur du magazine Artension) en 2008 dans la préface de « La bible de l’art singulier inclassable & insolite », publié aux éditions Lelivredart. Historique du mouvement Très longtemps, ces artistes ne furent personne ! Rien que de pauvres êtres souffrant de ce qui est appelé « schizophrénie » ; trouvant dans l’horrible solitude de leurs murs asilaires, le moyen de s’approprier subrepticement des matériaux de fortune pour les couvrir de dessins, réunissant des éléments hétéroclites pour créer des objets inattendus, souvent des personnages dont l’image leur permettait de moins souffrir de solitude. Et puis, un jour, quelques psychiatres plus curieux, commencèrent à les regarder, à s’interroger sur le sens à donner à leurs réalisations. Ainsi, en 1907, Marcel Réja évoque dans « L’art chez les fous » un ailleurs, un monde, où l’on peut trouver une étincelle de génie. Au cours du premier quart du XXe siècle, sous l’influence peut-être des étranges vagues artistiques nées dans les galeries en Europe, un changement de mentalité s’opère : En 1921, le Dr. Walter Morgenthaler publie une importante monographie sur Adolf Wölfli qui reste l’un des plus emblématiques représentants de l’art brut. En 1924, le Dr. Hans Prinzhorn met en lumière la raison de leurs créations. Cet ouvrage marque la fin de l’exclusion. Le terme « Art asilaire » est né… jusqu’au jour où les œuvres tombent sous les yeux de l’artiste peintre, sculpteur et plasticien français Jean Dubuffet. Fasciné, il les collecte et les collectionne. Le terme « Art brut » est inventé en 1945 par lui pour désigner des « ouvrages exécutés par des personnes indemnes de culture artistique ; chez lesquelles, donc, le mimétisme, contrairement à ce qui se passe chez les intellectuels, ait peu ou pas de part ; de sorte que leurs auteurs y tirent tout de leur propre fond… De l’art, donc, où se manifeste la seule fonction d’invention… ». Il présente les œuvres collectées dans un musée. Il déclenche immédiatement chez des milliers d’artistes, sains de corps et d’esprit, le désir de faire de l’Art brut. On cherche des noms pour cette aventure marginale : Art hors-les-normes, Art spontané, Invention hors-les-normes, Productions extra-culturelles, Art isolé, Racines de l’art, Franges de l’art, Création franche, etc. C’est alors que Michel Ragon et Alain Bourbonnais désignent sous le titre de « Singuliers de l’art » leur exposition de 1978, au Musée d’art moderne de Paris. Toutes les désignations et bien d’autres, par une sorte de frénésie imitative, allaient devenir par la suite labélisées sous le terme d’« Art singulier ». Avec le temps, des galeries se sont accaparées cette mouvance. Des écoles se sont créées pour enseigner l’art singulier et qui, par la pire des incongruités, décernent des diplômes d’art brut ! Autodidactes ou issus des Beaux-Arts, les artistes se côtoient, proposant avec une grande ingéniosité des œuvres originales ; des créations marginales et contemporaines. Texte d’HeleneCaroline Fournier, rédactrice spécialisée, théoricienne de l’art, critique d’art

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